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6 mars 2024 à 17h14 #8781admin8882Maître des clés
Le livre de Sylvain Tesson est avant tout une ode à la nature, au courage et à l’amitié.
Les descriptions de paysages rythment le récit, qui se veut contemplatif :
« Chaque matin le soleil escaladait une barrière de nuages et peinait à passer la herse. A midi c’était l’explosion. L’Aubrac, cravaché de rayons, me projetait en souvenir dans les steppes mongoles. C’était une terre rêvée pour les marches d’ivresse, escaladant les clôtures, traversant les troupeaux, etc… »
L’auteur nous fait part en même temps des réflexions, jugements, opinions que lui suggèrent les endroits traversées. Au fil de sa marche il découvre souvent un nouveau monde rural, transformé par des innovations pas toujours judicieuses, voire incongrues, et initiées par des édiles souvent bien mal inspirés.
– Ainsi un article lu dans le journal La Montagne annonçant « le très haut débit au secours de la ruralité » ne convainc pas du tout notre marcheur.
– Un peu plus loin il est question de ceux qui militent pour la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics, d’où, pour rester dans le domaine de la religion, plusieurs explications sur l’utilité des « ferblanteries de la foi » :
• des croix coiffent des centaines de sommets de France
• les cordes attachées aux Vierges de plomb scellées dans le granit permettent aux alpinistes de
descendre en rappel du sommet d’une aiguille.
Cette démonstration pour nous livrer cette pensée : je ne trouvais pas que la croix et les Vierges de grands chemins fussent les pires symboles : il ne fallait pas s’échiner à déraciner les choses si l’on n’avait rien à replanter à la place.
Simone NUZILLAT
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Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)
Sylvain Tesson, grand Aventurier, explorateur, écrivain,, décide, après un grave accident dû à son inconséquence(abus de boisson), de parcourir à pieds, et en Diagonale, la France, de la Provence au Cotentin.
Il s’est lancé ce défi lorsqu’il était immobilisé sur son lit d’hôpital, à condition de pouvoir remarcher un jour.
A travers ce périple, l’auteur refait la géographie physique et sociale de la France, rêvait au gré de la nature, développant ses sens, dans ces chemins sauvages, qui le ramènent à une vie rurale en train de disparaître.
Après les senteurs de la Provence il chemine dans les paysages calcaires du Centre, puis traverse des lieux où la modernité a fait disparaitre tous les rapports bienfaisants que la nature peut offrir à l’homme.
L’auteur ne se prive pas de quelques apartés où il laisse entendre son avis négatif sur la Société de Consommation, qui prive les l’humanité des bienfaits naturels : villages désertés,, absence de communication verbale…
Tout ceci dans un style imagé (comparaisons, allégories, métaphores) parfois un peu outrancier qui laisse entrevoir son outrecuidance pour faire valoir ses opinions.
Malgré cela, cette lecture pour moi fut « savoureuse » et enrichissante.
F. FRANCIS
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7 mars 2024 à 20h19 #8878admin8882Maître des clés
Le texte de Pierre
Le nom de Tesson évoque d’abord pour moi Philippe Tesson (1926-2023), journaliste et patron de presse. De son fils Sylvain Tesson, né en 1972, je n’avais retenu que la cabale déclenchée par sa nomination comme parrain du Printemps des Poètes de l’édition 2024.
Sur les chemins noirs comme tous les livres de Sylvain Tesson sont indiscutablement des succès de librairie. Son parcours pédestre de 1 300 km environ lui a fait traverser un grand nombre de lieux que je connais, surtout comme automobiliste. Mais ce qui m’interpelle chez Sylvain Tesson, c’est sa critique de la modernisation des infrastructures routières et autres aménagements de la France rurale. Il oublie que grâce à elles il put survivre, de Chamonix à Annecy puis d’Annecy à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, aux conséquences dramatiques de son irresponsable beuverie.
Sur les chemins noirs se lit de bout en bout aisément mais il me fut désagréable de supporter les rappels incessants à ces voyages dans des pays lointains qu’il ne rejoignit sûrement pas à pied, avec un bilan carbone jamais chiffré. Ce livre de Sylvain Tesson ne remplacera pas un Guide vert, Géo Guide ou similaire pour accompagner mes vacances.
Les commentaires de Christine
Lecture fluide et assez agréable malgré parfois des digressions sur le monde politique et les mesures à prendre ou pas pour « sauver la ruralité ». Ces digressions m’ont parues un peu plaquées. Cependant, ce livre a été écrit en 2016 (2 ans après son accident) et les réflexions de l’auteur sont d’une très grande actualité (cf. les manifestations des agriculteurs de janvier/février).
Sylvain Tesson pointe l’inégalité entre Paris et province, la mort supposée de l’agriculture et de ses territoires, l’aménagement sauvage de la France rurale qui détruit culture et traditions (voir p.30)
p.46-47/p.71 : longue diatribe contre le vie « moderne » et le numérique.
Remarque : Sylvain Tesson utilise le terme d’anti-dispositif pour parler d’anti-système.
Mais un texte plein de poésie quand il décrit les haies, les forêts, les paysages, le passage de l’été à l’automne, les ruptures géologiques, etc. Nous cheminons vraiment à ses côtés et vivons les mêmes expériences sensorielles.
Comme marcheuse, j’ai été sensible à la longueur des étapes : faire 40 km par jour est-ce vraiment réaliste ? Je ne pense pas. Crédibilité et véracité en jeu.
La note de René
7/10
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